On repère l’homme de goût à la patine de ses souliers.
Avec le visage et les mains, les pieds sont ce que l’on regarde en premier chez un homme. On peut en apprendre long sur une personne rien qu’en jetant un coup d’œil à ses chaussures : messieurs, la médiocrité est à bannir, surtout au bout de vos pieds ! Quelle que soit la saison, le soulier doit être parfait, à la ville comme à la campagne. De grâce prenez soin de ce qui habille vos pieds et évitez les fautes de goût.
LE SOULIER HOMME : OBJET DE DÉSIR
Pour l’homme élégant d’aujourd’hui, amateur avisé de belles et bonnes choses, le soulier est la signature d’une allure. Cet homme ne porte pas de chaussures mais des souliers, parle autant de cirage que de glaçage et sait qu’un beau soulier, comme un grand cru, se bonifie avec le temps et gagne en patine et en souplesse. Il acquiert même une âme, diront certains.
« Vos souliers ont une âme. » Olga Berluti
Aux yeux d’Olga Berluti, héritière de la maison Berluti, rien n’est plus beau qu’un soulier déjà porté, culotté par le temps, dont la couleur a passé par endroits. C’est sans doute grâce à Olga Berluti que le soulier a initié sa transformation d’objet d’utilité en objet de désir. Selon la légende, c’est en constatant l’influence de la lune sur la dépigmentation du cuir qu’elle inventa la patine Berluti, ce jeu de couleurs, de contrastes et de transparences qui confère à chaque soulier sa signature. Berluti a été la première maison à présenter et à traiter le soulier de façon aussi noble que le vêtement, créant ainsi le marché de la chaussure masculine haut de gamme et donnant ses lettres de noblesse à une spécialité considérée jusque là comme accessoire.
Dessin, cuir, assemblage, patine et glaçage font de chaque soulier un modèle unique, une création résultant du savoir-faire et de l’artisanat de quelques maisons distinguées. Dans ce monde de fabrication de masse, ces beaux souliers se distinguent. Et font le bonheur de ces hommes qui apprécient l’élégance classique avec un soupçon de flamboyance !
Il est important d’investir dans une paire qui va rester belle longtemps. Certes une paire de souliers confectionnée sur mesure vous coutera plus d’un millier d’euros, mais elle durera toute une vie – ou deux. Ce sont des objets précieux que l’on chérit et qu’un gentleman sera fier de léguer un jour à son fils. Cela dit, n’allez pas imaginer qu’une paire de beaux souliers nécessite un investissement de plus de 600 euros. Le choix est relativement large de nos jours et tout homme peut trouver soulier à son pied – et à son budget. Il faut toutefois être très attentif à la qualité, car certaines marques un peu confidentielles peuvent, malgré un prix relativement élevé et un look pointu, être d’une qualité insuffisante.
« Porter des chaussures de rêve, c’est commencer à les réaliser. » Roger Vivier
Les souliers sont les stars de mon dressing : richelieus, derbys, mocassins, bottines… Ma collection s’agrandit mais reste au goût du jour, car le soulier ne suit pas les diktats de la mode, il en interprète simplement certaines tendances. La couleur, par exemple, est maintenant bien établie chez les bottiers et les hommes s’osent à un peu de fantaisie avec de sublimes patines aubergine, framboise, bleu roi, vert olive ou orange sanguine, tout en gardant bien sûr quelques classiques noirs et marron.
LE SOULIER HOMME : LES DIFFÉRENTES CONSTRUCTIONS
Richelieu, derby, brogue, balmoral… les noms décrivant la chaussure pour homme sont nombreux et variés et décrivent soit la construction (le patronage) du soulier, soit sa finition, ses ornements.
On distingue trois types de souliers : les souliers de ville tels le richelieu et le derby, les souliers plus décontractés tels le mocassin et le bateau, et finalement les souliers montants, les bottines. Tous peuvent être déclinés en plusieurs finitions : perforations, motifs fleuris, surpiqûres ou autre décorations. Vient ensuite la patine de couleur.
Soulier de ville : richelieu et derby
Le richelieu (que les anglais appellent Oxford) est caractérisé par un laçage fermé, sans empiècement: la tige est sobrement fendue. Ainsi, lorsque la chaussure est lacée, les deux morceaux de cuir sur lesquels se trouvent les œillets se touchent. Le richelieu a moins de coutures apparentes que les autres styles de souliers ce qui lui donne une allure fine et élégante.
ο Le roi (ou le cardinal) du richelieu est le richelieu one-cut ou whole-cut, confectionné d’une seule pièce de cuir et ne présentant pas une seule couture apparente, sauf sur le talon pour refermer la chaussure et la monter sur forme. Le soulier richelieu one-cut doit impérativement être confectionné avec un cuir d’excellente qualité car le moindre défaut sera apparent et ne pourra être dissimulé par des perforations ou d’autres pièces en cuir.
ο Il est possible de faire confectionner un soulier richelieu one-cut sur-mesure (réalisé par un bottier sur une forme construite spécialement pour vos pieds) sans qu’aucune couture ne soit visible, même pas la couture à l’arrière. Un vrai chef d’œuvre de savoir-faire artisanal ! En octobre 2018, Berluti a dévoilé un modèle baptisé richelieu zero-cut en prêt-à-chausser : en fait un one-cut (c’est à dire confectionné d’une seule pièce de cuir), mais sans aucune couture apparente, ce qui n’était auparavant possible qu’en version sur-mesure.
ο On reconnaît le richelieu balmoral à la forme des garants (la partie de la chaussure où se trouvent les lacets) qui se prolonge jusqu’à l’arrière.
ο Le richelieu se décline aussi en version richelieu à plastron (les œillets se trouvent sur une pièce de cuir ajoutée qu’on appelle le plastron) dont l’Adélaïde avec un élégant plastron en forme de U.
ο Le richelieu saddle est typique des chaussures de golf traditionnelles.
Le derby, quant à lui, est moins formel que le richelieu et se distingue par son laçage ouvert avec des empiècement cousus sur le soulier qui soutiennent les lacets et laissent apparaître la languette. Ce laçage ouvert rend le derby plus facile à enfiler et plus confortable, mais peut-être moins racé que le richelieu quoique certains modèles avec juste deux œillets ont une superbe esthétique.
ο Le derby se décline aussi en plusieurs versions, comme le derby à boucle (monk strap en anglais), de nouveau tendance – dans sa version double boucle surtout – depuis quelques saisons, où les lacets sont remplacés par des lanières qui se ferment avec des boucles.
ο Le derby chasse ou demi-chasse se reconnaît à son bout fendu. Il tient son nom d’un modèle de JM Weston devenu iconique au point de prêter son nom à un style de soulier.
Soulier détente : mocassin ou loafer
On associe souvent mocassin (loafer en anglais) à décontraction et cela fait sens car le mocassin a été conçu sur l’idée de confort et moins de formalité. Le mocassin n’a pas de lacets, ce qui facilite l’enfilage, il n’a pas de bout dur pour moins de rigidité et certains sont non doublés pour plus de légèreté.
Le mocassin a des finitions qui lui sont propres et qu’on ne voit pas sur d’autres modèles, comme une barrette de cuir ou des pompons. Aujourd’hui il existe des mocassins avec boucle qui sont plutôt en vogue.
La chaussure de conduite (car shoe ou driver shoe en anglais) est un mocassin conçu spécialement pour la conduite dynamique et sportive des pilotes de course automobile.
La chaussure bateau (boat shoe en anglais) ressemble au mocassin à la différence qu’elle a des lacets qui font tout le tour de la chaussure. Elle est généralement en cuir gras résistant à l’eau et a une semelle blanche. A réserver pour les occasions décontractées. Surtout ne portez jamais de chaussures bateau avec des chaussettes, pour éviter le look ringard, ni avec un costume ou des pantalons de ville, au risque de commettre une grosse faute de goût. Si vous désirez les porter de manière un peu habillée, optez pour un jeans foncé et une veste pour un look smart casual.
Personnellement, je ne porte pas de boat shoes. En sortie en mer ou sur route, ce sera vers des mocassins classiques comme l’« Andy » de Berluti, en cuir ou en daim, que je me tournerai, ou éventuellement des sneakers de Berluti, Santoni ou Hogan.
Soulier sportif décontracté : sneaker
Le terme sneaker désigne une chaussure de sport détournée pour un usage citadin. Elle se distingue par son côté esthétique et est clairement un accessoire de mode et non de sport. La plupart des sneakers s’inspirent de modèles mythiques ayant marqué leur époque voir même l’histoire de leur marque, telle la Stan Smith d’Adidas et l’Air Jordan de Nike. Ces sneakers sont customisées, souvent produites en série limitée, devenant des objets de collections pour les sneaker addicts.
De nombreux fabricants de souliers haut de gamme surfent sur ce phénomène de mode et proposent leur interprétation de la basket ou de la sneaker, version gentleman décontracté. La maison Berluti n’a pas craint le mélange des genres en créant ce qu’ils nomment la sneaker bottier, en cuir comme il se doit et parfois patinée ! Ils offrent aujourd’hui toute une collections de sneakers bottier, certaines très street shoes et d’autres plus raffinées comme la « Playfield », emblématique de la maison depuis 2015 en ses multiples variances de coutures et de couleurs, et la « Playtime » que l’on trouve avec l’immuable scritto. Chez Santoni, leur collection de sneakers AMG (inspirée par les modèles de la filiale AMG du constructeur allemand Mercedes-Benz) atteste un look sportif à la ville comme à la campagne. A mentioner aussi la marque Hogan, qui appartient au groupe Tod’s, et leurs élégants modèles de sneakers en cuir souple ou daim doux, et aux détails discrets qui rappellent l’héritage italien de la marque.
Comme toujours, la clé est d’assortir ses souliers à l’occasion, et aussi à son goût. Bien que très tendance, les sneakers n’auront jamais l’élégance d’un beau mocassin. On limitera donc les sneakers à des occasions très décontractées, et on ne les portera pas avec un costume ou un pantalon de ville. Je porte des sneakers autour du jardin, à la plage ou par temps de pluie. Du beige, du noir, voire du blanc (la fameuse « Playfield» de Berluti) pour les sorties gentleman driver, mais assurément complétées dans mes bagages par un beau derby ou richelieu qui s’harmonisera avec classe à un pantalon trendy ou un jeans et une belle chemise… J’ajouterai ne pas être fan des logos – aussi select soient-ils – sur les sneakers. Les sneakers Vuitton ou Gucci sont bien plus belles lorsque leur pedigrée reste discret, à moins que vous ne soyez au premier rang d’un concert de Kanye West…
Soulier montant : bottines
Le terme bottines (boots en anglais) désigne les modèles montants de chaussures pour hommes. Les bottines recouvrent tout ou partie de la cheville et peuvent être avec ou sans lacets. Il en existe de plusieurs types.
ο La chelsea boots a la particularité d’avoir des bandes élastiques sur les côtés. Les groupes de pop rock britanniques les popularisent dans les années 1950 ce qui leur vaut leur surnom de Chelsea boots en référence au quartier de Londres qu’ils fréquentent.
ο La bottine jodhpur a une lanière qui encercle la cheville. Elle est inspirée des chaussures portées par les cavaliers de la ville de Jodhpur en Inde, épicentre de l’équitation du pays et adoptées par les Anglais au XIXe siècle en préférence aux longues, lourdes et chaudes bottes cavalières. Le nom de Jodhpur fut tout naturellement donné à ce modèle devenu au fil du temps un grand classique de botterie traditionnelle.Aujourd’hui, les créateurs jouent avec le nombre de tour de la bride cheville, sa largeur, et le métal de sa boucle.
ο Le brodequin ou derby montant a un aspect moins formel et un brin vintage. Ces bottines permettent des interprétations plus spécifiques comme les combat boots ou les work boots, revisitées par les plus grandes marques, comme Doc Martens et Timberland.
ο La bottine balmoral, tout comme le derby balmoral, se reconnaît à ses garants (la partie de la chaussure où se trouve les lacets) dont la forme se prolonge jusqu’à l’arrière.
ο Les chukka boots possèdent une semelle en cuir ou en gomme et peuvent compter jusqu’à trois paires d’œillets pour les lacets, pour un look à la fois élégant et décontracté. Le terme chukka provient du nom donné à une période de match de polo, sport dont les participants portent souvent ce genre de chaussures. Les bottines chukka sont particulièrement appréciées pour leur confort et leur caractère intemporel. Si ce modèle a une semelle en crêpe, il s’agit de desert boots. Elles sont traditionnellement en daim.
LE SOULIER HOMME : LES DIFFÉRENTES FINITIONS
Il existe plusieurs finitions pour ces trois types de souliers homme, un choix non pas de construction comme vu ci-dessus, mais purement esthétique.
Bouts
Les souliers se distinguent, entre autre, par la façon dont leur bout est fini.
ο Bout uni, sans fioritures, où l’avant du soulier est fait d’une seule pièce.
ο Bout droit (cap toe en anglais), dit aussi bout rapporté (simple, remplié ou perforé) où une pièce de cuir est ajoutée pour faire le bout.
ο Bout golf (wingtip en anglais), où une pièce de cuir est également ajoutée pour faire le bout mais se prolonge vers l’arrière. Si cette pièce ajoutée fait tout le tour du soulier, il s’agit d’un bout golf long wing.
ο Bout fleuri (à la base uni, droit ou golf), où le bout est décoré de perforations diverses ressemblant à des fleurs.
Brogue
Un soulier décoré avec beaucoup de perforations (et pas seulement sur le bout) est un modèle brogue. Selon le tracé des perforations, le soulier sera soit full brogue (impérativement avec un bout golf), demi-brogue (avec un bout droit), quart de brogue ou long wing brogue (avec un bout golf long wing). Cela dit, seul le terme général brogue est normalement utilisé.
Plus une brogue est sobre, plus elle est formelle, et le noir est plus formel que le marron. Evitez de porter des brogues pour les occasions les plus habillées, comme un mariage ou un gala.
Montage Blake ou Goodyear
Le montage désigne la méthode grâce à laquelle la semelle est assemblée au reste du soulier. Un soulier de qualité pour homme ne peut pas avoir une semelle simplement collée, elle sera donc cousue et il y a deux types de montage, Blake et Goodyear.
Le montage Blake est plus simple à réaliser et permet de confectionner des souliers fins, profilés et élégants. De grandes maisons comme Berluti utilisent ce montage et ont démontré que, bien réalisé, sa qualité est incontestable. Le montage Goodyear nécessite un plus grand savoir-faire, pour un résultat plus solide et plus étanche. Aucun n’est meilleur que l’autre dans l’absolu car chacun est plus adapté à certains types de souliers.
LE SOULIER HOMME : LA PATINE
La patine, c’est l’ensemble des techniques de coloration et décoloration du cuir, par l’application de solvants, huiles essentielles, pigments et teintures. La patine de couleur est réalisée à la main par des experts coloristes. Cette technique donne à la chaussure une couleur unique, mais aussi une profondeur unique.
Il fut un temps où le mot patine apparaissait rarement dans la conversation, à moins, peut-être, qu’un enfant ne demande pourquoi la statue de la liberté est verte. De nos jours, c’est un des termes les plus usités du lexique de la chaussure pour homme. De véritables amateurs observent et décrivent la profondeur et la nuance du colorant appliqué au cuir des souliers, à la façon de critiques d’art se penchant sur un paysage postimpressionniste de Whistler… Des établis jonchés de brosses, d’éponges et de bouteilles d’huiles essentielles et d’encre multicolore prennent place de choix dans les boutiques des bottiers de luxe du monde entier.
Les règles de l’élégance traditionnelle ne contemplaient autrefois que deux teintes de souliers, marron et noir, et ces règles imposaient de ne pas porter de chaussures marron après 18 heures, no brown after 6. Constatant le peu d’originalité dans le vestiaire masculin, Olga Berluti, dans les années 80, défia les règles de la couleur en mettant au point la patine Berluti et permettant d’imaginer une gamme de couleurs infinies.
LE SOULIER HOMME : ÉLÉGANCE ET CIRCONSTANCE
Il y a une certaine étiquette de la chaussure masculine à observer, bien que les règles aient beaucoup évolué avec le temps. Celles du « soulier noir à la ville » et du « soulier noir le soir » sont aujourd’hui révolues. Place est faite à de multiple combinaisons de styles et de couleurs.
Bien choisir ses souliers permet d’apporter une touche formelle à une tenue ou, à l’inverse, de gagner en décontraction. Libre à vous de réinterpréter les codes mais il est essentiel de ne pas commettre de faute de goût !
Si, avec un jeans, vous pouvez porter tous les types de soulier, de la sneaker au richelieu de grande classe, il n’en va pas de même pour un costume ou un pantalon de ville qui nécessite une certaine élégance et une semelle en cuir.
Et, de grâce, prenez grand soin de vos souliers… Leur entretien est primordial, les chaussures négligées sont à bannir !
De l’entretien des souliers
Les règles et les tendances évoluent, maisce qui est toujours dans l’air du temps, c’est le soin apporté à ces pièces maîtresses que sont les souliers. Ceux-ci doivent être parfaitement entretenus.
On ne porte pas les mêmes souliers deux jours de suite, mais on alterne afin de les laisser respirer pendant au moins deux jours. Le soir, il convient avant toute chose de leur enfiler des embauchoirs, ce qui permet aux souliers de garder leur forme et d’éliminer la transpiration. Pour le choix des embauchoirs, privilégiez une paire en bois brut de hêtre ou de cèdre, des bois qui permettent d’absorber l’humidité de la chaussure et qui garantissent le maintien parfait de la forme de vos souliers.
Laissez vos souliers respirer naturellement, en évitant de les poser trop près d’une source de chaleur comme un feu de cheminée ou un radiateur. Une fois secs, les souliers doivent être dépoussiérés avec un chiffon doux avant de leur appliquer des crèmes nourrissantes adaptées à l’entretien du cuir. Dernière étape, les cirer et les lustrer.
Il n’y a aucune excuse pour des souliers dont la patine ou l’entretien laisse à désirer. Les tutos sur YouTube montrant comment cirer et faire briller ses souliers sont didactiques et leurs conseils très faciles à appliquer. Ce n’est pas une question de moyens, si ce n’est de moyens que l’on se donne ! Un entretien même effectué avec des produits de qualité n’est pas onéreux, mais il demande un peu d’huile de coude.
A visionner sans modération, Berluti – la leçon de cirage, une leçon de cirage dispensée par Olga Berluti elle-même sur une paire d’Alessandro de la gamme Démesure. Outre la voix d’Olga Berluti et la poésie liée au nettoyage, cirage et glaçage du soulier, la qualité didactique de cette leçon, sur accompagnement de musique classique, ne peut que vous motiver à passer à l’action, brosse et patte de coton à la main !
Après le cirage vient le temps du glaçage, un mode de lustrage pour faire briller vos souliers. Je vous encourage aussi à regarder l’excellente vidéo de BonneGueule : l’entretien et le glaçage des souliers.
De la semelle gomme
Les semelles en gomme ou en crêpe sont extrêmement pratiques pour deux raisons : elles isolent mieux du froid et de la pluie qu’une semelle en cuir et sont moins glissantes que le cuir, permettant d’arpenter les trottoirs mouillés en toute tranquillité. Sans parler de leur légèreté, de leur faculté à absorber les chocs et de leur confort.
Niveau esthétique, en revanche, les semelles en gomme n’auront que très rarement la ligne et le maintien d’une semelle cuir en cousu Goodyear.
Hormis les occasions où la météo se déchaîne, une semelle épaisse en gomme ne se porte pas avec un costume ou un pantalon de ville. Un soulier à semelle gomme est peut-être bien une pièce de qualité confectionnée par une grande maison, et le fleuron de votre garde-robe, mais il vous faut absolument éviter de le porter avec une tenue de ville.
Lors d’un séjour en station de montagne il est évident que la semelle en gomme est essentielle. Par contre, pour une soirée élégante en altitude, faites comme votre compagne : enfilez vos bottes de marche et emportez vos souliers à semelles cuir dans un sac que vous laisserez au vestiaire, avec vos bottes, une fois vos beaux souliers chaussés.
De la chaussette
Messieurs, en costume ou pantalon de ville, portez des chaussettes hautes (mi-bas) qui cachent le mollet quand on s’assied et que le pantalon remonte. Personne ne veut voir le mollet poilu d’un homme !
Quant à la couleur de vos chaussettes, la première règle d’élégance est d’éviter le total look chaussettes, lacets, cravate et pochette de la même couleur. La deuxième règle pour une tenue chic est de ne pas non plus multiplier le nombre de couleurs sur sa tenue et de s’en tenir à trois couleurs principales. Dans ces limites-là, les possibilités sont presque infinies. A vous de choisir des chaussettes d’une couleur qui rappelle un ou plusieurs autres éléments de votre tenue, ou d’opter pour une couleur éclatante qui tranchera complètement, comme du orange, du vert, du rouge ou du pourpre, ou de jouer sur le symbolisme des couleurs… Vous pouvez aussi introduire des motifs, tels fines rayures ou pois.
En cas de doute ou de manque de confiance en votre capacité à gérer les couleurs, optez pour des accords classiques en assortissant vos chaussettes à votre pantalon ou à vos souliers. Vous serez tout-à-fait corrects mais vous ne créerez pas la surprise non plus…
Aussi, ne portez jamais une paire de chaussette de sport sauf pour faire du sport !
De l’absence de chaussette
Porter des chaussures sans chaussettes a longtemps été contraire aux règles de l’élégance classique, mais la tendance a évolué et permet désormais de porter certains modèles sans chaussettes. A la ville, il est désormais possible de bien porter d’élégants souliers sans chaussettes apparentes, à la condition indispensable de les assortir d’un pantalon étroit aux chevilles et un peu court, feu de plancher. Par contre, il est vivement recommandé de profiter du confort et de l’hygiène de petites socquettes invisibles, suffisamment échancrées pour être complètement cachées.
Un mocassin, derby ou soulier à boucle est idéal pour porter pieds nus. Un richelieu sans chaussette créera un contraste fort entre ce soulier formel et une cheville nue synonyme de décontraction, mais cela reste parfaitement dans le vent.
LE SOULIER HOMME : LES BELLES MAISONS
Voici quelques belles maisons et bottiers que j’affectionne : Berluti, Santoni, Carmina, Altan et Corthay.
Mention spéciale à Berluti
Admirateur des créations Berluti depuis presque 20 ans, je suis avec intérêt l’évolution et le développement de la maison.
Berluti est une maison française fondée en 1895 par le jeune Italien Alessandro Berluti, qui s’installe alors comme bottier à Paris et ouvre boutique dans le quartier de l’Opéra. Le jeune bottier crée le premier modèle emblématique de la maison : le richelieu one cut « Alessandro » que chaque génération Berluti revisitera, le modèle se transformant harmonieusement au fil du temps.
Le fils d’Alessandro, Torello, saura profiter des Années Folles pour conquérir une belle clientèle parmi la jet-set, les artistes et l’intelligentsia, et quittera le quartier de l’Opéra pour le Triangle d’Or et s’installera rue Marbeuf. Son fils unique Talbinio fera surfer la maison familiale sur la vague des trente glorieuses et, pour satisfaire une clientèle désormais internationale et toujours pressée, en révolutionnera l’activité en lançant le prêt-à-chausser.
Mais c’est sa cousine, Olga, qui va propulser la maison dans la modernité. Visionnaire, Olga fait de Berluti une marque à part. Elle transforme la boutique en salon privé, met au point le cuir Venezia, un cuir de veau au tannage exclusif à la maison, crée le mocassin culte « Andy » et surtout élève la patine au rang d’art, contournant les codes du bon goût avec légèreté et impertinence à une époque où le soulier masculin ne se conçoit que noir ou marron.
En 1993, la maison Berluti est rachetée par le groupe LVMH. Olga Berluti continuera d’assumer la direction artistique de Berluti jusqu’en 2011. Alessandro Sartori (précédemment chez Zegna) lui succède. En septembre 2016, Haider Ackermann est nommé directeur artistique, suivi de Kris Van Assche en avril 2018.
Lui-colibri
NB: Je tiens à féliciter Monsieur Hugo Jacomet pour ses livres, son site et ses magnifiques – et oh combien instructives – vidéos de Parisian Gentleman.
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